Onlyfans est à vendre !

La célèbre plateforme de contenus pour adultes OnlyFans est actuellement en pourparlers pour une vente estimée à 8 milliards de dollars (environ 7,4 milliards d’euros). Son propriétaire, Fenix International Ltd., dirigé par l’entrepreneur américano-ukrainien Leonid Radvinsky, est en discussions avancées avec un consortium d’investisseurs mené par la société américaine Forest Road Company.

Une croissance financière impressionnante

Depuis son acquisition par Radvinsky en 2018, OnlyFans a connu une croissance exponentielle. En 2023, la plateforme a généré 1,3 milliard de dollars de revenus, en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente, et a enregistré un bénéfice avant impôts de 658 millions de dollars. Les créateurs de contenu ont perçu 6,6 milliards de dollars cette même année, la plateforme prélevant une commission de 20 % sur les revenus générés. OnlyFans compte actuellement plus de 4 millions de créateurs et 305 millions de comptes de fans.

Leonid Radvinsky : un propriétaire discret mais prospère

Leonid Radvinsky, âgé de 43 ans, est un entrepreneur discret basé en Floride. Diplômé en économie de l’université Northwestern, il a bâti sa fortune dans l’industrie du divertissement pour adultes, notamment avec le site MyFreeCams. Depuis 2020, il aurait perçu près de 1,3 milliard de dollars en dividendes grâce à OnlyFans.

Des obstacles à la vente

Malgré sa rentabilité, la vente d’OnlyFans rencontre des obstacles. La nature adulte de son contenu suscite des réticences chez certains investisseurs institutionnels et partenaires financiers, en raison de préoccupations réglementaires et de réputation. De plus, la plateforme a été sanctionnée par le régulateur britannique Ofcom en mars 2024, avec une amende de plus d’un million de livres sterling pour des manquements dans la vérification de l’âge des utilisateurs.

La vente potentielle d’OnlyFans intervient dans un contexte de pressions croissantes sur l’industrie du porno à l’échelle mondiale, où un vent prohibitionniste souffle de plus en plus fort. De nombreux gouvernements imposent des régulations plus strictes, notamment sur la vérification d’âge, la fiscalité ou encore la modération des contenus, tandis que les grandes plateformes de paiement et les réseaux sociaux se montrent de plus en plus frileux à l’égard du contenu pour adultes. Cette stigmatisation s’inscrit dans une volonté politique et culturelle de “nettoyer” le web, au nom de la protection des mineurs ou de la morale publique, ce qui complique considérablement le développement et la pérennité des entreprises du secteur. Paradoxalement, alors que l’industrie est sous pression, OnlyFans a démocratisé l’accès à la production de contenu sexuel en permettant à n’importe qui, depuis sa chambre, de devenir créateur ou créatrice de contenus pour adultes, souvent sans en mesurer toutes les conséquences. Des milliers d’individus, parfois jeunes et précaires, ont publié des images ou vidéos intimes qui resteront potentiellement accessibles à vie sur internet, exposant leur vie privée à des risques durables : harcèlement, chantage, discrimination professionnelle, ou encore impossibilité de faire disparaître leur passé numérique dans un monde où tout se conserve.

Perspectives d’avenir

OnlyFans cherche à diversifier son offre en attirant des créateurs de contenus non adultes, tels que des chefs, des coachs sportifs ou des artistes. Cependant, cette transition s’annonce complexe, la plateforme étant fortement associée au contenu pour adultes. Une introduction en bourse semble peu probable à court terme, en raison des défis réglementaires et de réputation.

La vente potentielle d’OnlyFans à hauteur de 8 milliards de dollars marque un tournant pour l’industrie du contenu en ligne pour adultes. Elle soulève des questions sur la valorisation des plateformes numériques et les défis liés à la régulation et à la réputation dans le secteur du divertissement pour adultes.