Bio/Milieu du X
Interview avec Jake Jaxson de Cockyboys : celui qui voulait transformer le porno gay en divertissement

Quarantaine d’années, grandes lunettes, voix qui porte : Jake Jaxson est un homme passionné et passionnant au discours bien rodé. Depuis qu’il a pris la tête en 2010 du site de porno gay Cockyboys, il l’a amené vers des hauteurs inespérées. Avant lui, ce n’était qu’un site sympa parmi tant d’autres. Le label constitue désormais un univers en soi, représente à lui seul une alternative au x gay industriel, explose les codes et les barrières et fonctionne comme aucun autre. Entrepreneur malin, féru de poésie et de littérature depuis le plus jeune âge, Jaxson a construit main dans la main avec ses deux partenaires à la ville comme au travail (RJ Sebastian, qui sublime chaque vidéo grâce à son incomparable photographie, et Benny Morecok, webmaster) un site adulte au contenu singulier, original, tout simplement plus proche de l’humain et par conséquence du spectateur.
Invité à Paris par la chaîne x gay PinkX et le festival Chéries Chéris, Jake Jaxson reçoit les journalistes dans un immense appartement où défilent ses modèles en peignoir ou habillés à la dernière mode. Alors que certaines mauvaises langues susurraient que Cockyboys « ne vend pas tant que ça », il semblerait que le business aille plutôt bien. Quand on lui demande s’il est satisfait financièrement parlant de son année 2015, le big boss de Cockyboys répond : « « Pour moi les affaires vont bien tant que je suis en mesure de produire les films de qualité que j’ai en tête. Bien sûr, faire de l’argent c’est important. Mais pour ma part j’essaie de ne pas trop me focaliser sur les chiffres, d’en vouloir toujours et encore plus. Ce n’est pas ma philosophie. Ceci étant dit, je peux quand même vous dire que nous avons une solide et très fidèle base d’abonnés. Et elle s’élargit au fil du temps, avec des gens qui découvrent et aiment notre univers ».
Chez Cockyboys il n’y a en effet pas seulement des « clients » mais aussi et surtout beaucoup de « fans ». Et, détail qui a son importance : une bonne partie des admirateurs du studio sont des admiratrices. Ainsi voit-on le soir de « l’avant-première mondiale » à Paris du premier épisode de la série documentaire Meet the Morecocks (qui nous plonge dans les coulisses de la boîte de production) une flopée de fangirls qui ont traversé l’Europe juste pour voir leurs « stars » Levi Karter, Tayte Hanson ou encore Liam Riley. Beaucoup de rires, de cris et de selfies, dans une ambiance chaleureuse et bienveillante. On en oublierait presque qu’il est ici question de porno, d’un objet cinématographique qui vise à exciter et soulager. C’est là toute la réussite de Jake Jaxson et de ses 2 acolytes : ils ont tenu dès le départ à présenter leurs vidéos comme un contenu sexualisé mais « guilt free ». Pour Jaxson, toutes les occasions sont bonnes pour rappeler que ses films n’ont rien à voir avec les vidéos des tubes ou les productions hard amateur qu’on consomme en 5 minutes en s’essuyant avec un kleenex et en se sentant glauque après coup. Cockyboys veut être synonyme de plaisir autant que de beauté et surtout de divertissement.
Jake Jaxson explique sa « vision » : « Cockyboys entend toucher bien plus que le client habituel de porno gay. Nous proposons une expérience. Quand j’ai commencé à prendre la direction de la compagnie, je me suis dit que j’avais une mission : bousculer les codes, rendre le porno sain, déculpabiliser sa vision et sa consommation, réintégrer la sexualité gay dans le quotidien comme quelque chose de fun et sexy. On a réussi à toucher avec Cockyboys des gens qui n’avaient jamais acheté une vidéo adulte gay auparavant.
Je conçois mes films comme une vision nostalgique de la sexualité gay. J’essaie de retranscrire le fantasme des meilleurs moments d’intimité qu’on a tous pu vivre un jour ou de ceux que l’on aurait aimé partager. Si vous repensez à une expérience sexuelle qui vous a marqué et qui vous a apporté beaucoup de plaisir, vous vous la repassez dans votre tête de façon romancée, transcendée. Elle vous apparaît belle et puissante. C’est ça que nous voulons représenter à l’écran. Notre volonté est de donner du plaisir aux gens, qu’ils passent un bon moment et qu’à la fin d’une vidéo ils se sentent épanouis, sereins ».
Belle idée, belle intention, mais dans les faits comment est-ce que cela se passe ? Ne pas faire du porno gay comme les autres implique une façon de travailler différente. Jake Jaxson propose un « contenu à deux vitesses ». D’une part des vidéos qui se rapprochent de ce que l’on peut voir ailleurs (des duos entre deux garçons), si ce n’est que la lumière et la photographie sont très travaillées, que la caméra s’attarde sur les présentations et une fois l’action lancée sur les préliminaires, la sensualité, tout en scrutant longuement les visages. D’autre part des contenus plus axés « Entertainment » avec des web séries qui mêlent porno et télé réalité (Road Strip), des fictions originales (Answered Prayers – un blockbuster de plus de 4h au total ! -, The Haunting), des essais pornos poétiques (A thing of beauty, petit chef d’oeuvre d’érotisme orné de poèmes de Walt Whitman), found footage (le thriller horrifique Meeting Liam) et bientôt la comédie (avec la parodie One Erection, racontant l’histoire d’un boys band style One Direction) ou même la philosophie (The stillest hour, projet en cours de développement avec Colby Keller inspiré par l’oeuvre de… Nietzche!).
Cet axe du divertissement, Jake Jaxson y tient particulièrement : « Nous avons récemment lancé une nouvelle version de notre site qui permet au spectateur de se fondre encore mieux dans l’univers Cockyboys. Nous avons beaucoup de films originaux, de web séries, de programmes courts, et nous tenions à les mettre le mieux en avant possible. Nous allons également développer une partie nommée Cockyboys TV qui ne proposera que du contenu mainstream et non explicite que vous pourrez même regarder au travail (rires). Nos fans n’ont pas spécialement besoin de porno. Ils aiment Cockyboys pour les Cockyboys avant tout. Les garçons qui nous rejoignent ont tous de forte personnalité, quelque chose de très attachant, qui sort du lot. Et ils n’ont pas forcément besoin de coucher ensemble devant une caméra pour combler leur public. »
Vraiment ? On se permet tout de même de demander à notre « auteur porno » comment il parvient à développer ce genre de projets alors que de plus en plus l’industrie des films pour adultes favorise le gonzo et « l’efficacité » au détriment d’une part fictionnelle jugée inutile ou quasi has been. « Contrairement à ce que certains pourraient penser, ce ne sont pas forcément les scènes classiques à l’unité qui attirent le plus de monde. Nos pics d’audience et de ventes correspondent en général aux sorties de nos productions événements. C’est l’une des spécificités de Cockyboys : chez nous les gens viennent pour voir avant tout des films pornographiques, un programme original ».
Pourquoi Jake Jaxson ne se contente-t-il alors pas de ne faire que du porno scénarisé ? « C’est tout simplement une affaire de productivité et de coûts. Aux Etats-Unis, le tournage moyen d’une scène x pour un modèle dure en général une demi-journée ou une journée maximum. Chez Cockyboys, quand nous tournons par exemple une production comme Meeting Liam, un modèle va tourner deux jours de scènes de sexe et 5 à 10 jours de scènes de comédie. Plus personne ne fait ça aujourd’hui je crois. Rien qu’une scène d’une pareille production coûte 10 000 dollars car nous payons nos modèles pour chaque journée de tournage. Nous ne pouvons pas produire de tels contenus toute l’année car cela nous reviendrait trop cher mais nous essayons d’en faire le plus possible. »
Et techniquement, comment filme-t-on le sexe entre garçons différemment ? On dit souvent du label qu’il a une identité, un style bien à lui. Outre la réalisation, la façon de travailler avec les modèles est un point déterminant pour Jake Jaxson et sa petite équipe : « Pour nous ce qui compte avant tout, c’est la personnalité des garçons que nous filmons. On ne met pas de tags ou d’étiquettes. Il n’y a pas de catégories du genre : « Toi tu es un twink, toi tu es un butch… ». Chacun est une personne sexuée, avec sa personnalité propre, fluide, que nous révélons et mettons en scène. Nous tenons à ce que les deux modèles qui tournent une scène s’attirent. Donc la première étape est qu’ils fassent connaissance et se plaisent. Les garçons se choisissent entre eux. Pour nous le but est d’avoir une scène la plus authentique possible et que l’excitation réelle des acteurs soit palpable à l’écran. Bien sûr, parfois certains performers veulent prendre du viagra pour tenir tout le long du tournage ou pour se rassurer. On l’accepte mais on essaie d’éviter cela le plus possible car ça ne correspond pas à ce que l’on a envie de montrer. La plupart du temps, si une scène ne marche pas car les deux garçons n’y arrivent pas et ne s’attirent pas assez nous l’arrêtons et nous ne l’exploitons pas. »
La relation avec ses modèles, Jake Jaxson y accorde une importance jamais égalée. Les porno boys qui tournent pour lui le désignent plus souvent comme un « mentor » ou un « deuxième papa » qu’un simple producteur. Le patron quadra est par ailleurs souvent amené à agir comme un chef de bande ou un patriarche, étant entouré de garçons plus jeunes que lui et un peu foufous. Le business se mêle à l’affectif, Jaxson est conscient de sa « responsabilité », est en contact avec la plupart des familles des garçons qu’il met en scène et qu’il entraîne avec lui pour des tournées promotionnelles à travers le monde. Cette façon de travailler qui inclut l’affect n’est-elle pas trop complexe à gérer ? Comment cela se passe-t-il quand un membre « de la famille » quitte le navire pour arrêter le porno ou aller chez la concurrence ? Jake Jaxson confie : « Nous sommes comme un groupe, une famille. C’est ce qui fait notre force. Et comme dans toute famille, rien n’est jamais parfait. Il y a des divergences, des affrontements parfois. C’est ce que vous pouvez par exemple voir au détour d’un épisode de Meet the morecocks dans lequel on assiste au départ de Max Ryder (un des modèles qui a permis à Cockyboys de prendre son envol), à son désir de ne plus faire de porno et des conflits que cela a pu générer au sein de notre équipe (Max Ryder était en tournée avec les Cockyboys et était payé alors qu’il était le seul à ne plus tourner des scènes de sexe NDLR).
Je suis vraiment sincère quand je dis que je souhaite à mes modèles de profiter de leur expérience chez Cockyboys et d’avancer, de réaliser leurs rêves, de se diriger vers d’autres carrières plus épanouissantes encore. Je suis réaliste : même si je m’attache aux garçons qui tournent avec moi, je ne peux pas leur demander de faire des films toute leur vie. Je suis le premier à les encourager à évoluer. Je soutiens Levi Karter dans son désir de passer du côté de la production et de la réalisation. Quand Jake Bass m’a fait part de son envie de gagner plus d’argent et que je ne pouvais répondre à sa demande, je l’ai aidé à entrer en contact avec un label concurrent qui pourrait satisfaire ses exigences. Je n’ai aucun intérêt à souhaiter leur défaite ou leur échec. Je préfère les aider, leur offrir un tremplin. »
Célébré par les amateurs de porno gay, objet de curiosité pour les médias, Cockyboys a trouvé sa place et a imposé son approche peu conventionnelle du porno gay et par extension de la sexualité gay à l’écran. Que peut-on attendre du studio new yorkais pour les années à venir ? On a déjà pu observer, à travers les vidéos et films des derniers mois, une ouverture sur la façon de représenter le sexe. Jusqu’ici exclusivement « vanilla », très tendres, les rapports sont désormais parfois plus « rough ». Cockyboys pourrait-il être tenté par une mise en scène du sexe plus bestiale et frontale ? Jake Jaxson explique : « Nous avons la réputation d’un label qui fait du porno gay romantique et cela nous va tout à fait car nous tenons à montrer une vision positive et épanouissante de la sexualité. Cela n’empêche pas d’observer que dans toute relation et dans la majorité des rapports sexuels s’exprime la notion de contrôle. Pour qu’il y ait une alchimie, une dynamique, il faut qu’à un moment donné quelqu’un prenne le contrôle et que l’autre l’accorde. Chacun a en lui une part qui aime dominer et une autre qui aime davantage lâcher prise. Ce sont des forces contraires ou plutôt complémentaires qui font ce que nous sommes.
Cela peut peut-être en surprendre certains que Cockyboys ne s’interdise pas de faire des scènes plus « directes ». Ca me semble naturel : nous mettons en scène ce qui nous inspire et ce qui nous stimule. Nous avons commencé avec des scènes très douces mais nous n’excluons pas de montrer des rapports parfois plus fervents. Car notre sexualité évolue, comme c’est le cas pour tout le monde. Et nous tenons à filmer ce qui plaît aussi aux garçons que l’on filme. Si un de mes modèles exprime l’envie de tourner dans une vidéo qui met en scène l’un de ses fantasmes qui est plus épicé que ce que nous avons l’habitude de faire, je prends bien sûr cela en considération. Le tout est simplement de trouver un juste milieu, de faire la balance, pour ne pas non plus renier ce qui fait la force et l’identité de Cockyboys. Nous n’irons jamais trop loin ou complètement dans le hard. »
Et la technologie, comme l’Oculus Rift, Cobyboys songe-t-elle à l’utiliser ? Pas forcément nous répond Jaxson, avec une mine un brin sceptique : « La technologie m’intéresse. Je ne m’interdis pas de l’utiliser et de l’expérimenter. Mais je me perçois plutôt comme un raconteur d’histoires. Ce que j’aime, c’est faire des films. Et je pense que le format film subsistera toujours, comme les livres. Avec ou sans 3D, avec ou sans casque virtuel. Pour le moment, je ne me vois pas encore lancer des projets qui permettraient une expérience de réalité virtuelle car je ne me suis pas approprié cette technologie, que je n’ai pas en tête une histoire qui requiert de l’utiliser. »
S’il y a une chose que Jake Jaxson se verrait en revanche « expérimenter », c’est de tourner à l’étranger et plus particulièrement en Europe : « Nous avons remarqué que Cockyboys avait un réel succès et intriguait beaucoup les européens. J’apprécie beaucoup les modèles européens car ils ont une façon différente d’exprimer leur sexualité et leur personnalité. Aux Etats-Unis, beaucoup de garçons veulent faire du porno pour l’argent ou la notoriété. J’ai l’impression qu’ici les performers sont plus portés sur l’expérience sexuelle en elle-même. Et c’est parfaitement en adéquation avec ce que nous recherchons. J’aimerais tourner davantage ici, y réaliser un film. »
Dans les cartons du créatif et prolifique réalisateur émerge également un désir profond de mettre en chantier une production qui tournerait autour de l’homosexualité et de la mythologie grecque. Qu’on se le dise : Cockyboys n’a pas fini de nous étonner et d’être là où on ne l’attend pas…
-
Actricesil y a 7 jours
Kate Dalia. L’éclosion
-
Actricesil y a 3 ans
Les plus gros seins du X
-
Actu/Newsil y a 4 jours
IA : quel avenir pour le porno ?
-
Acteursil y a 6 ans
Les plus grandes légendes du porno black
-
Actu/Newsil y a 2 ans
L’orgasme prostatique : mode d’emploi
-
Actricesil y a 5 jours
[Vidéo #350] Working Girls, l’entretien professionnel de Melrose Michaels
-
Actricesil y a 5 ans
Les 20 Reines de l’anal
-
Actu/Newsil y a 2 ans
Top 5 des anime hentai culte
You must be logged in to post a comment Login