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Ma première tenue fetish gay (ou pas)

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Il aura fallu un heureux hasard pour que je me décide à partir à la recherche de ma première tenue fetish gay. Il y a quelques semaines, alors que j’interviewais des amateurs de latex pour un article dédié au sujet, je me mets à parler de Berlin avec mes interlocuteurs et glisse que j’ai prévu d’y partir en voyage fin mars. Et voilà que je m’entends dire : « Ben oui, tu y vas pour la Easter Week ! ». La quoi ?! On m’explique vaguement le truc : une semaine dédiée au fétichisme, un événement européen qui attire des milliers de mecs… A peine rentré chez moi, je me documente sur la chose et je découvre qu’en effet pendant mon séjour aura lieu une multitudes de soirées complètement dingues.

Objectif Snax

tenue cuirParmi les nombreuses festivités prévues, officielles ou officieuses, je repère tout de suite la « Snax ». Visiblement une énorme soirée où le Laboratory (le sexclub gay le plus grand et hard d’Europe) fusionne avec le Berghain (le temple de l’electro où il est ultra difficile d’entrer en temps normal, les videurs ayant en horreur les touristes). Bref, une occasion unique d’assister à une party fetish, sexe et clubbing de qualité. Mais il y a un hic : pour espérer entrer à la Snax, il est stipulé qu’il faut impérativement être looké fetish. Je me dis que c’est l’occasion de tester et je pars dans le Marais à Paris pour essayer de trouver une tenue qui pourra faire l’affaire.

Alors que j’entre dans le premier magasin, ROB, j’ai déjà ma petite idée en tête. Pour m’être renseigné sur le latex lors de mon reportage, j’avais appris que s’habiller avec cette matière revenait très cher. Et des amis m’avaient prévenu que le cuir aussi n’était pas donné. Je pars donc plutôt sur une tenue « sportswear ». Je me vois bien vêtu d’un maillot, d’un short, de skets et de grandes chaussettes de footeux. Il y a pas mal de monde dans le magasin, c’est un week end et il faut attendre une petite dizaine de minutes pour que le vendeur vienne me demander si j’ai besoin d’aide. Heureusement ce n’est pas ma première fois dans un établissement de ce genre car j’aurais été intimidé. J’explique la situation, un peu maladroitement,  et il me lance, un peu rieur : « Tu sais, tu es sans doute la quarantième personne qui vient ici aujourd’hui pour se trouver une tenue pour la Snax ». Il me rassure sur le fait que je n’y connais rien et propose de m’aider à trouver mon look. Mais rapidement il tique quand j’évoque mon budget : « Ohlala avec 150 euros tu ne pourras pas faire grand chose ! ».

Je lui explique que j’étais plutôt parti pour être habillé sportswear mais en se concertant avec l’autre vendeur, il me prévient que ce look là n’est pas forcément une bonne idée pour espérer entrer à la Snax : « Sportswear c’est pas vraiment fetish, le videur est capable de te dégager. Tu ne veux pas plutôt essayer un pantalon délavé, aller vers un look skinhead ? ». Je ne me sens pas à l’aise avec le style, reste planté comme un piquet face aux différentes propositions. Et les vendeurs restent impuissants face à mon désarroi. Je décide de partir en disant que « je vais réfléchir ».

A la recherche de la tenue sportswear

sportswear_gayJe décide de tenter ma chance dans un autre magasin, Mister B Paris. Personnel plus disponible et friendly, les vendeurs sont ravis d’aider et amusés de cette première fois. Autre son de cloche concernant la fameuse Snax : ici on me dit que bien sûr je peux y entrer en look sportswear mais qu’il faut que je fasse attention à mon choix de basket. Aucune boutique fetish n’en vend cela dit, ce qui n’aide pas. Le plus jeune des 2 vendeurs, très charmant par ailleurs (un certain Damien, j’ai trouvé son nom en allant fouiner sur le site en ligne J), se propose d’être mon guide. J’ai l’impression de me faire une session « Pretty Woman » gay et ça m’amuse beaucoup.

Une fois encore, quand j’évoque mon budget de 150 euros, cela laisse perplexe. Qu’on se le dise : s’habiller fetish n’est pas à la portée de tous. Damien lance l’air déçu : « C’est dommage que tu n’aies pas plus de budget car on aurait vraiment pu tester des choses intéressantes ». Il ne baisse pas les bras pour autant et s’active pour me soumettre différents looks. J’essaie des shorts qui font sportswear mais qui sont en cuir. En les enfilant dans la cabine, je réalise que ce n’est pas mon truc : c’est très moulant, ça serre, c’est super court, je ne suis pas à l’aise. Très vite je comprends qu’ici la pudeur ne sera pas de rigueur. Après tout, je suis au milieu d’un espace où sont en vente tout un tas de dildos et accessoires SM : je ne vais pas faire la prude…

Damien me fait essayer des harnais mais je ne me sens pas plus à l’aise. Il propose ensuite une tenue de lutte mais là c’est vraiment la cata : c’est tellement serré que j’ai l’impression que je vais faire craquer l’habit. Et je ne me sens pas du tout de porter ça toute une soirée. Il doit commencer à sentir que je suis un peu classique mais il fait tout pour me mettre à l’aise. Pas de doute : excellent vendeur. Alors que son collègue tente d’apporter son aide, il me demande : « Mais sinon, t’es vraiment pudique ou… ? Parce que tu peux aussi juste y aller en jockstrap ou avec un collier ». J’ai subitement l’impression d’être le mec le plus coincé de l’univers mais j’avoue ne pas me voir commencer la soirée, même à Berlin, quasi nu.

Damien vole à ma rescousse et finit par me proposer un débardeur de sport dans lequel je me sens parfaitement à l’aise. Il propose de « pimper » le tout avec deux bracelets de force. C’est assez joli : je fais « plus sexe » mais je me reconnais, je ne me sens pas en mode « personnage ». Bémol : on ne trouve vraiment pas un short qui m’aille.  Je propose de revenir plus tard au magasin une fois que j’aurais trouvé le short idéal et la bonne paire de baskets (on me suggère d’en prendre qui sont un peu montantes pour bien aller avec les chaussettes de footeux style Barcode).

JH recherche short et skets

short_footeuxJ’ère dans le Marais à la recherche de la bonne paire « sneakers » mais je peine à trouver mon bonheur. Je m’engouffre dans quelques boutiques de la rue Saint Denis où des marchands ont du mal à comprendre pourquoi je fais une fixation sur les paires montantes Adidas : « Mais vous voulez pas essayer des Converse ? ». Ahlala… Bon, on verra plus tard pour les skets.

Le périple continue et je m’arrête dans une troisième boutique : IEM. Ici aussi le personnel est très dévoué et sympa. Deux des vendeurs prévoient justement d’aller à Berlin pour la Easter Week et la Snax. Alors que je leur parle de look sportswear ils ont l’air fortement décontenancé : « Tu ne rentreras pas si tu n’es pas en cuir, latex ou neoprene. Et les baskets ça peut être rédhibitoire ». Je suis vraiment perdu avec tous ces avis différents… Je leur explique que je viens d’entendre l’inverse. Ils ont l’air de vraiment s’y connaître et alors qu’ils me garantissent avoir été à cette soirée plusieurs fois, je commence à me fier à leur jugement. Bon, c’est vraiment pas gagné…

Comme ceux qui les ont précédés, les deux vendeurs tiquent sur mon enveloppe minimaliste. Ils se cassent la tête pour trouver une solution. Ils ne passent pas par quatre chemin : « Bon, si on peut se permettre, c’est quoi tes trips ? Parce qu’on peut aller vers quelque chose orienté dog training ou soumis, si tu arrives à poil avec un collier de chien ça peut le faire ».  J’explique être versatile et que ça m’embête de trop marquer une part de ma sexualité car si jamais il se passait quelque chose, je ne voudrais pas être figé. On revient sur la question des trips pour une simple histoire de code couleur : « Si tu t’habilles en rouge, les mecs vont se dire que tu aimes le fist, si tu es jaune, ça peut vouloir dire que tu aimes l’uro, si tu pars sur du noir c’est neutre… ».

Ils me proposent des tenues que je trouve trop transparentes ou moulantes. Ils insistent pour me faire découvrir le neoprene et le cuir. Je teste mais je me sens à l’étroit et finit après plusieurs essayages à confier que « Je ne le sens pas ».  Je commence à comprendre qu’aller à cette soirée Snax va être très difficile. L’un des deux vendeurs explique que les videurs font attention aux chaussures et que sans grosses pompes ou bottes, on minimise ses chances d’y accéder. Je demande un peu candide : « Mais je ne peux pas trouver de grosses pompes pour moins de 100 euros ? ». Le vendeur qui en porte justement une paire m’explique qu’il faut aller fouiller dans des friperies, qu’il n’est pas facile de trouver sa pointure et ajoute : « Moi j’ai mis 4 mois à trouver mes pompes pour 70 euros, tu t’y prends malheureusement un peu tard ». La déception se lit sur mon visage alors que je porte un débardeur néoprène noir qui me fatigue déjà…

Face à mon relatif désespoir, l’un des deux vendeurs se fait rassurant : « Tu sais faut pas te forcer si tu te sens pas à l’aise avec ces matières. La Snax c’est juste peut-être pas pour toi. Et puis entre nous, si t’as envie de t’habiller sportswear y a pleins de soirées où tu pourras entrer comme ça et qui sont plus fun et plus hot que La Snax. Les gens croient que La Snax c’est le top du top mais en fait y a tellement de monde qu’à part bouger un peu sur la piste, tu peux pas faire grand chose. Il faut pas être claustro. Les mecs baisent même pas tellement y a pas de place ».  Je réfléchis 5 minutes et je me dis que ça fait vraiment trop : si je veux tenter d’aller là-bas il me faudra à l’évidence entre la tenue et les pompes dépenser 300-400 euros. Et sur place, il faudrait encore faire la queue pendant 1 à 2 heures minimum sans être certain de rentrer. J’abandonne l’idée.

Il s’est toutefois passé un petit truc quand j’étais chez Mister B : ça m’a amusé de me voir en sportswear et je me dis « Pourquoi pas prendre une tenue pour ce type de soirée à Berlin ? ». Les vendeurs se font à l’idée que je ne me sens pas prêt pour le latex ou le cuir (l’un deux me dit « Tu manques encore d’assurance ») et m’aident alors à trouver la tenue sport parfaite. Finalement je vais trouver un short noir, un peu moulant mais pas trop, auquel on me proposera d’assortir des chaussettes montantes noires de footeux. Cette fois je ne trouve pas le bon débardeur qui va avec mais je sais qu’il m’attend chez Mister B…

Je retourne dans la semaine au magasin et retrouve le joli Damien pour avoir son avis sur l’ensemble qui constituera ma tenue définitive. J’ai son aval, il ne manque plus que les baskets. Absolument adorable, il me propose de m’accompagner lors de sa pause clope devant le magasin de sport d’à côté pour m’aider. Mais il n’y a que des skets classiques, pas des montantes. Je passe le reste de la semaine à chercher la paire parfaite, en vain. Après être passé dans quelques 11 enseignes, je dois me rendre à l’évidence : les skets montantes ne sont plus à la mode ou alors tout est en rupture de stocks. Il faudra composer avec des shoes « basses ». Mine de rien, j’aurais bien passé 10 heures à me confectionner un look.

Cette première recherche de tenue m’aura en tout cas permis de réaliser à quel point s’habiller fetish n’est pas aisé quand on n’y connaît rien ou pas grand chose. La scène fetish est définitivement très codée pour ne pas dire un tantinet repliée sur elle-même. Face à cette remarque, un vendeur de IEM m’a rétorqué et il n’avait pas tort : « Tu sais, quand tu pénètres dans un nouvel univers, il y a des règles. Moi je trouve ça bien que des événements comme La Snax ne baissent pas leurs critères. S’ils sont plus open après la soirée sera envahie par les clubbers touristes et perdra son esprit, son identité. C’est une façon de se protéger ».  Pour ceux qui veulent essayer vous êtes prévenus : faut s’accrocher et préparer une bonne bourse !

Thomas s'abreuve de porno depuis ses 15 ans. Après les premiers émois des VHS hétéros, il développe une passion débordante pour le x gay alors qu'Internet fait son apparition. Pornophage et curieux, tous les genres et fétiches attisent sa curiosité. Il partage ses fantasmes et addictions sur son propre blog, Gaypornocreme, et régulièrement pour le magazine gay Qweek.

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