Bio/Milieu du X
La fin du magazine Playboy

C’est une institution qui s’écroule. Les nouveaux propriétaires du groupe Playboy s’apprêtent à mettre fin à l’édition du cultissime magazine, pour se recentrer sur l’exploitation commerciale de la marque au lapin.
Au-delà de la nostalgie pour les playmates sur couvertures glacées, la double page centrale et les stars dans leur plus simple appareil, c’est une vision du journalisme érotique, irrévérencieux et engagé, qui disparaît, remplacé par l’exploitation, cynique et sans vergogne, de la nudité pour vendre des produits dérivés. Car Playboy était à des années-lumières des torchons pour vicelards qui trônent fièrement sur l’étagère du haut des kiosques à journaux.
Playboy, c’était plus qu’une esthétique sexy. C’était notamment la publication de fictions signées par certaines des plus grandes plumes de la littérature américaine moderne : Vladimir Nabokov, auteur de Lolita, Michael Crichton (Jurassic Park), Chuck Palahniuk (Fight Club), ou encore Ian Fleming (est-il nécessaire de le présenter ?). Fahrenheit 451, la dystopie visionnaire de Ray Bradburry, y était parue en 1954.
Playboy, c’était des interviews monumentales. Miles Davis en 1962, Stanley Kubrick en 1968, John Lennon et Yoko Ono en 1981, Steve Jobs en 1985 et bien d’autres. En 1965, on y lit l’entretien d’Alex Haley avec le révérend Martin Luther King Jr., quelques mois après qu’il a reçu le Prix Nobel de la Paix :
Haley : Le White Citizens’ Council et le Ku Klux Klan n’ont-ils pas, tous deux, été impliqués par connexion dans des complots attentant à votre vie ?
King : Il est difficile de remonter la piste des commanditaires de ces menaces de mort. Je passe rarement un jour sans en recevoir une. Certaines sont envoyées anonymement par téléphone à mon bureau, d’autres sont envoyées – bien évidemment, sans signature – par la poste. Drew Pearson (un célèbre journaliste d’alors) a écrit très récemment au sujet d’un groupe aux affiliations obscures, impliqué dans des tentatives d’assassinats contre moi-même, le juge en chef des Etats-Unis Earl Warren et le président Johnson. Et très récemment, quand j’étais sur le point de me rendre à Mississippi, j’ai reçu de très urgents appels de leaders de la cause noire, à qui on avait dit, de source très sure, qu’une sorte de groupe de guérilleros dirigé par un ancien major prévoyait de me prendre la vie durant ma visite. Il m’a été fortement suggéré de renoncer à ce déplacement, mais en y réfléchissant, j’ai décidé que je n’avais pas d’autre alternative que de continuer mon chemin à Mississippi.
Haley : Pourquoi ?
King : Parce que j’avais un travail à accomplir. Si j’avais constamment peur de la mort, je ne pourrais pas fonctionner. Après un moment, quand votre vie est plus ou moins constamment menacée, vous arrivez à un point où vous acceptez cette possibilité psychologiquement… »
Que dire de plus…
Qu’à une époque où la femme n’était représentée médiatiquement qu’en pondeuse de chiards et en bonne à tout faire, Playboy dépeignait les femmes comme le sexe fort, littéralement. Et si l’on peut débattre de la liberté de montrer son corps et de la représentation de la femme-objet, on ne peut nier la création de la Fondation Playboy en 1965, sorte de planning familial avant l’heure qui informait les femmes sur l’avortement, les recours en cas de viol et l’accès à la contraception, ni les longues pages consacrées au Dr. Allen J. Moore, professeur d’éducation religieuse pro-avortement, en 1967.
On peut dire enfin que Playboy, c’était des couvertures légendaires, des photographes de renom, des illustrateurs talentueux (au premier rang desquels se trouvait le fondateur Hugh Hefner), bien avant d’être en logo « à fort potentiel viral » sur le secteur du slip et du déodorant.
L’ « entertainment for men » (« divertissement pour homme », la devise du journal), un divertissement comme but, né de l’élégance et de la pertinence de son contenu, laisse aujourd’hui place à un divertissement comme moyen, un subterfuge visant à induire la pulsion d’achat, une tromperie.
En quelque sorte, le parcours du magazine Playboy est une illustration amère du délitement de la presse : la chute des ventes de périodiques entraînant petit à petit la disparition des contenus pointus, intellectuels, artistiques (et donc nécessairement volumineux) au profit de pages de publicités et d’articles publi-rédactionnels.
En 2015, la maison-mère abandonnait la « full frontal nudity », la direction la déclarant dépassée à l’heure où tout un chacun est « à un clic de n’importe quel acte sexuel imaginable ». Contestant cette soi-disant modernité, les fâcheux y voyaient un moyen de s’ouvrir le marché chinois et indien, amateur de lingeries, mais puritains en matière de photographie. Playboy avait même fini par renoncer aux cartoons, encore plus chers à Hugh Hefner que la nudité, ces derniers étant incompatibles avec l’édition d’un placement publicitaire toutes les trois pages.
Le magazine Playboy, lentement dépecé, subsistait alors toujours, selon des clauses contractuelles, jusqu’à la mort du fondateur. Le grand Hugh n’est plus, le magazine est maintenant sur le point de disparaître.
On a longtemps reproché à Playboy d’être sexy et subversif, il sera dorénavant consensuel, et par conséquent obscène…
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