Actrices
Saxa, l’interview-portrait : « Je ne me sens pas victime »
Travail du sexe, féminisme, grossophobie, elle n’a pas franchement sa langue dans sa poche. Mue par des convictions bien ancrées et une vocation profondément artistique, la modèle et créatrice Saxa nous accorde une interview.
« Je suis travailleuse du sexe sur Internet. Je fais de la création photo, vidéo et d’autres prestations qui restent dans le virtuel. J’ai commencé il y a bientôt 2 ans. Ça m’est venu assez progressivement, pas du jour au lendemain. Je n’ai pas pensé mon parcours comme ça. Ça faisait plusieurs années que j’étais modèle photo. Je faisais de la photo en lingerie, puis de la photo de nu. En parallèle, j’ai entendu parler des plateformes de fan-clubs. Petit à petit, je me suis lancée. J’ai commencé à poster des photos de mes shootings en ligne sur ces plateformes. Et au fur et à mesure, c’est devenu mon activité principale. »
À 24 ans, Saxa est donc travailleuse du sexe professionnelle. Elle vit intégralement du contenu érotique qu’elle produit : des séances photos, des vidéos sexy, et quelques à-côté un brin fétichiste qu’elle met à disposition de ses fans exclusivement sur Internet. Une réussite qu’elle attribue à une approche artistique de tous les instants et un investissement permanent dans son métier. Avant d’être sexuelle, sa vocation est esthétique.
« Oui, c’est vrai, j’aime bien me montrer. Après, ce n’est pas un fantasme premier. Ce que j’aime partager, ce sont surtout des contenus qui restent artistiques. Pas juste des photos prises avec mon téléphone, donc j’investis dans du matériel. Je travaille avec des photographes. J’essaie vraiment de faire en sorte que mon contenu soit aussi professionnel et beau à voir que possible. »
Lingerie, boudoir, exhibition, mais aussi tenues d’infirmière, d’étudiante, de policière… Forte de son expérience de modèle, Saxa a su reprendre à son compte les fantasmes masculins traditionnels, pour le plaisir de changer de peau, d’y imposer sa patte : le clair-obscur, le flou artistique…
« J’aime beaucoup la lecture, la photographie, en tant que modèle, mais aussi en général : la photographie de nature, de paysage… Et l’histoire de l’art. C’est quelque chose qui me passionne. J’adore les musées des Beaux-Arts, les peintures. Et Frida Kahlo. C’est quelqu’un que j’admire beaucoup. J’adore autant lire des livres d’elle que toutes ses œuvres. La colonne brisée est vraiment mon œuvre préférée d’elle. C’est mon côté plus littéraire, artistique. C’est pour ça que j’aime ce que je fais, c’est lié à ce que j’aime dans le privé. »
« Saxa est une femme qui s’exhibe, qui se montre et se découvre en même temps, qui aime dévoiler son côté le plus extraverti. »
Son pseudonyme, Saxa, vient quant à lui de la série Ragnarok. Le nom de la méchante, une divinité impérieuse et enchanteresse incarnée en jeune femme, pour corrompre le cœur des hommes.
« Ça va paraître fou, mais dans le privé, je suis quelqu’un de très introverti, très discret, très timide. Je ne suis pas très sociable non plus. C’est ça la différence avec Saxa, le jour et la nuit avec celle que je suis dans la vraie vie. Saxa est une femme qui s’exhibe, qui se montre et se découvre en même temps, qui aime dévoiler son côté le plus extraverti. Je n’avais pas du tout prévu que Saxa soit comme ça. C’est venu au fur et à mesure. Et l’avantage, c’est que Saxa ouvre un peu sa gueule quand elle n’est pas contente.
Elle me permet d’être plus sûre de moi dans ma vie personnelle, malgré les difficultés que je rencontre parfois à aimer celle que je suis. Entre ces deux extrêmes, je trouve un juste-milieu. J’assume mieux mes choix de vie, je suis plus affirmée pour dire ce qui me plaît et ne me plaît pas. Je m’assume plus telle que je suis. »
Cette assurance nouvellement acquise, qualité essentielle pour faire face aux aléas de l’exposition sur le Web, lui a sans doute permis d’aborder sereinement le sujet du travail du sexe auprès de ses proches, dans l’ensemble réceptifs. Toutefois, Saxa fait naturellement montre d’une certaine pudeur à leur endroit.
« Pour ce qui est de ma famille, je ne leur ai pas dit quel est mon pseudo. Je leur ai dit ce que je faisais un petit peu, sans forcément rentrer dans les détails. Ils savent que je suis travailleuse du sexe, que je fais des photos… Concernant mes amis, certains sont au courant de mon pseudo et me suivent un peu sur mes réseaux de TDS. Et ils l’ont assez bien pris. Ils ont été très curieux, m’ont posé beaucoup de questions pour savoir comment ça se passe dans cet univers. Je n’ai pas perdu d’amis, je n’ai pas perdu ma famille à cause de ça en tout cas. »
Idem pour son petit-copain. Mais n’espérez pas le voir au détour d’une séquence polissonne. La créatrice préfère tracer une ligne claire entre la sexualité qu’elle partage avec ses abonnés et l’intimité de sa vie de couple. D’autant que le concerné, plutôt pudique lui aussi et passablement occupé de son côté, n’est pas franchement emballé par l’idée d’apparaître devant la caméra.
« Il est au courant de ce que je fais, évidemment, et il n’a pas de problème avec ça, tant qu’on respecte certaines petites conditions pour que ça se passe bien entre nous. Par exemple, que je ne fasse pas d’escorting, que je ne rencontre pas d’inconnus. Honnêtement, moi-même, je ne voudrais pas. Je ne pourrais pas travailler comme ça, avec des gens que je n’ai jamais rencontré, avec qui je n’ai même pas discuté. »
« Je n’ai vraiment pas envie de dépendre de productions, qu’on m’impose des termes, des personnes avec qui travailler. »
Contrairement à nombre de ses pairs, Saxa ne se revendique pas du couple libre, ou du petit monde libertin. En outre, si, pour les scènes en duo, elle fait nécessairement appel à quelqu’un de confiance, c’est dans un cadre strictement professionnel, sans la moindre équivoque.
« La personne avec qui j’ai tourné, c’est un ami à moi qui était d’accord pour se prêter au jeu. Et en dehors de la caméra, il ne se passe rien. C’est juste le temps de la caméra. On en discute avant, on réfléchit à un thème, on prépare en amont les répliques que l’on pourrait dire. On voit vraiment ça d’un œil très professionnel. Il n’y a pas d’ambiguïté. C’est pour ça que je travaille avec des personnes que je connais et en qui j’ai confiance. »
Il en va de même pour son prochain, même si un petit twist risque fort de pimenter les choses, autant pour le spectateur que pour l’intéressée…
« La prochaine thématique abordée, ce sera un shooting en duo avec une fille. Je n’ai jamais fait de contenu en duo avec une fille. Ça va être une première pour moi aussi, et je voulais le faire depuis un moment, donc je suis assez contente. On va commencer par du soft : des photos plutôt artistiques au début, plutôt dans la suggestion, la sensualité. Ce ne sera pas tout de suite porno. Je suis bisexuelle, mais je n’ai jamais eu d’expérience avec des femmes. C’est quelque chose que je n’osais pas trop expérimenter, parce que je suis assez impressionnée par les femmes. J’ai plus de facilité avec les hommes. De là à appréhender, non. Je dirais que c’est plutôt excitant, en fait, d’imaginer ce jour-là. J’ai hâte, je suis vraiment impatiente. »
Pour autant, la multiplication des collaborations et son initiation aux fantasmes lesbiens ne constituent en rien une porte d’entrée vers le porno de studio.
« Je préfère travailler en tant qu’indépendante. Je ne me vois pas du tout travailler pour des productions ou poster mon contenu sur des plateformes en libre accès, pour plusieurs raisons un peu personnelles. Je préfère privilégier les plateformes payantes et rester indépendante. Je n’ai vraiment pas envie de dépendre de productions, qu’on m’impose des termes, des personnes avec qui travailler. Je préfère vraiment être totalement libre et tout décider à 100%. »
L’autonomie reste une valeur chère aux modèles indépendantes, qui leur permet de préserver la souveraineté totale qu’elles ont sur leur corps et les pratiques auxquelles elles le soumettent, mais aussi de diversifier leur business à l’infini. C’est ainsi que la créative Saxa verse allègrement dans le produit dérivé : des calendriers osés, des cartes dédicacées, mais aussi, et surtout une foultitude de sous-vêtements, bien évidemment portés. Culottes, chaussettes, bas et collants, faites votre choix. Il y en a pour tous les goûts, autant du point de vue des préférences esthétiques que de l’affinage…
« Alors les tarifs varient entre 25 et 58 euros, et ils varient en fonction de la durée pendant laquelle j’ai porté la culotte. Certains hommes vont par exemple vouloir que je la porte seulement 24h, ça leur suffit, et d’autres qui vont plutôt apprécier que je la porte 5 jours. En fonction du nombre de jours supplémentaires, il faut juste rajouter 7 euros à chaque fois. »
Bien entendu, pour préserver toute la saveur du produit, investir dans du matériel de conservation se révèle impératif.
« Oui exactement, il faut protéger le produit, éviter qu’il ne s’abîme et garder l’odeur un maximum. Parce que bon, on ne sait jamais, une fois qu’on l’expédie, il peut bouger dans l’enveloppe, et s’abîmer. Puis l’odeur peut être transformée. Si ça sent le plastique ou le carton, ce n’est pas non plus le but… Donc oui, il y a une protection, avec mise sous vide. »
« Je me suis dit qu’on allait aller droit au but et j’ai carrément posté une photo de mon ventre, de toutes mes formes. Comme ça, ils voient tout. »
L’environnement numérique moderne permet en effet toutes les fantaisies. En la matière, les fan-clubs, révolution pornographique de ces dernières années, sont évidemment incontournables, tant par la sécurité qu’ils apportent et la proximité virtuelle qu’ils permettent, que pour la diversité de leurs fonctionnalités.
« Les fonctionnalités principales dont j’ai vraiment besoin de disposer, c’est la partie publication de photos, de vidéos. Un chat privé est toujours pratique, avec la possibilité de vendre des contenus supplémentaires sur ce chat. Un gros avantage de Swame, c’est la fonctionnalité pour faire des shows, des lives. Je n’ai pas encore eu le temps de m’y initier, mais je sais que des collègues à moi l’utilisent et que ça se passe bien, que c’est vraiment pratique. »
Le temps, dit-elle, d’emménager dans un nouvel appartement plus adéquat pour s’exhiber, et elle pourra se consacrer à l’expérience webcam, ajoutant une nouvelle corde à son arc pour le plus grand bonheur de ses admirateurs. Car leur plaisir est son devoir. Et elle met un point d’honneur à répondre à toutes les sollicitations sur ces réseaux, pour peu que celles-ci soient respectueuses.
« Après, avec mes clients, forcément, il y aura une petite proximité en plus, parce qu’à partir du moment où ils me soutiennent financièrement, je vais un peu les chouchouter, prendre le temps de répondre un peu plus longuement à leurs messages. C’est un peu logique. »
Vient alors la question de l’autre versant : les fâcheux, les injurieux, les réacs. Une problématique inhérente aux réseaux sociaux qui, par leur architecture même, disséminent ses contenus promotionnels aux quatre vents, au risque qu’ils atterrissent dans les actus d’un public ni très ouvert, ni très tolérant. Saxa s’estime toutefois peu exposée à un harcèlement numérique, qu’elle juge plus cyclique que permanent. Pour vivre heureux, vivons cachés. En temps normal, ses comptes Instagram privés la préservent en partie des agressions, mais une remarque déplacée sur son physique aura finalement raison de sa réserve.
« C’était très compliqué, parce que j’ai pris du poids assez rapidement, à cause de problèmes de santé. J’ai pris peut-être 10 kilos à cause de médicaments et c’est vrai que, sur le coup, j’ai quand même commencé à paniquer, déjà vis-à-vis de moi-même. Quand on vit un gros changement physique, que ce soit une prise ou une perte de poids, on est soi-même un peu déstabilisé. Puis effectivement, j’ai vite pensé à mes clients. Je me suis dit : « Mince, comment est-ce qu’ils vont le vivre ? » À un moment donné, ils vont forcément le voir. J’ai beau faire en sorte d’être toujours à mon avantage sur les photos et les vidéos, au bout d’un moment, ça se remarque quand même.
Je n’avais pas eu de critiques négatives jusque-là. Et j’ai posté une photo sur Instagram où l’on ne voyait pas du tout mon ventre. On voyait juste ma poitrine et mes bras. Et quelqu’un m’a qualifiée de grosse, juste pour ça. Du coup, j’ai poussé un coup de gueule. Je lui ai dit que c’est vraiment exagéré de critiquer comme ça une femme qu’on ne connaît pas, tout ça à cause d’une prise de poids, sachant que sur cette photo en l’occurrence, on ne voyait rien du tout.
Je me suis dit qu’on allait aller droit au but et j’ai carrément posté une photo de mon ventre, de toutes mes formes. Comme ça, ils voient tout. Et au passage, j’ai expliqué que voilà, ce sont les aléas de la vie, on ne peut pas prévoir une prise ou une perte de poids. Il y a des femmes, des actrices qui ont eu une grossesse. Tu peux avoir des vergetures, garder ton ventre de femme enceinte. Tu ne peux pas prévoir ce genre de choses. Et je trouve que les critiques vis-à-vis du poids sont juste irrespectueuses. Parce qu’en plus, ces personnes qui critiquent, elles-mêmes ne s’acceptent pas, et elles n’ont pas vraiment un physique de rêve non plus ! »
Oui j’ai grossi ces derniers mois. J’ai toujours eu des variations assez importantes au niveau de mon poids. Je reçois des remarques parce que je n’ai pas « le corps d’une actrice X » et que je « devrais me mettre rapidement au sport » pic.twitter.com/FyLlbBJeLu
— SAXA (+18) (@saxabackup) February 20, 2022
« Chaque jour est un combat. »
Son cheval de bataille, le cliché du « physique d’actrice », un préjugé répandu, selon elle, aussi bien du côté du public que des productions professionnelles, à qui elle reproche de s’enliser dans le diktat du tour de hanches taille 34.
« C’est quoi « le physique d’une actrice » ? Je pense qu’on peut tous avoir une sexualité, que l’on soit un peu plus fine, un peu plus ronde. Il n’y a pas de « physique » pour ça, pas de « physique » pour proposer du contenu sexuel, avoir une sexualité ou pour incarner un fantasme. Depuis que j’ai posté ces photos, beaucoup d’hommes m’ont dit qu’ils me préféraient maintenant à avant, que j’avais l’air de me sentir mieux dans mon corps. Il faut arrêter les stéréotypes de l’actrice qui est forcément toute fine.
Il faudrait mettre un peu plus les femmes rondes en avant. Après, j’imagine que les femmes rondes n’osent pas non plus franchir ce cap et devenir TDS, parce qu’elles se disent « Je ne peux pas parce que j’ai des formes. » Il y aurait beaucoup plus de femmes qui s’assumeraient aussi, qui se diraient qu’après tout, elles sont aussi désirables que n’importe qui. Attention, je n’encourage personne à devenir TDS, ce n’est pas le but. Mais j’aimerais dire qu’il faut arrêter de ne promouvoir qu’une seule catégorie de femmes pour parler de sexualité et faire du porno. »
Sa posture progressiste souligne la profonde conscience qu’ont les travailleuses du sexe d’elles-mêmes, du milieu dans lequel elles exercent. Aussi, elle monte au créneau quand d’autres s’approprie leur parole, pour condamner le X sans discernement, qui plus est sous des prétextes féministes.
Des « féministes » qui ne défendent pas les putes ne sont pas des féministes. Se dire ouvertement « anti-putes » c’est aussi s’attaquer à nous, TDS. Prenez-vous en aux acteurs qui ont violé, pas à des femmes qui veulent disposer de leur corps comme elles le souhaitent https://t.co/dGROvettKc
— SAXA (+18) (@saxabackup) February 20, 2022
« Il n’y a rien de féministe dans ce qu’elles font. C’est juste de la haine. Je ne vois pas en quoi, assumer sa sexualité et essayer de faire ce qu’on veut de son corps, de ses choix et de sa vie fait de nous des proxénètes, ou encourage tout le monde à exercer le travail du sexe. En plus, on met toujours en garde. En poussant des coups de gueule, on montre qu’on formule des critiques. Je mets aussi en garde du fait que non, ce n’est pas parce qu’on est travailleuse du sexe qu’on devient riche, qu’on touche 10 000 euros par mois. Globalement, les TDS soulignent toujours que la vie n’est pas toute rose, que ce n’est pas facile et que chacun doit rester libre de son corps. »
D’autant que la liberté de disposer de son corps sur le plan du travail sexuel reste une gageure, tant les sociétés de paiement précarisent la profession. Bannie à vie de Paypal, Saxa dénonce l’emprise du système financier non seulement sur le X-business en général, mais aussi sur la vie modèles en particulier. La fin d’AVN Stars, la démonétisation de Pornhub opérée par Visa et Mastercard, tout cela préoccupe grandement la créatrice qui s’arme avant tout de résilience face à l’incertain.
« On rencontre déjà beaucoup de difficultés. Avec les plateformes, on n’est jamais sûr de rien. Du jour au lendemain, tout peut fermer. C’est pour ça que j’ai créé mon site personnel, pour anticiper l’éventuelle fermeture définitive d’une plateforme. Mais personne n’est en sécurité. Beaucoup de TDS se font strike sur les réseaux sociaux. Moi, j’ai perdu 10 comptes Instagram. On peut se lever un matin et voir qu’on nous a encore supprimé un compte Instagram, que Paypal refuse de travailler avec toi parce qu’il a capté que tu proposais des services sexuels. Chaque jour est un combat. On n’est plus tellement étonné à force. On s’attend à de nouvelles restrictions, des changements. »
Ni martyr ni coupable, en définitive Saxa aspire simplement à vivre de son art comme elle l’entend et aussi longtemps qu’elle le veut, sans que quiconque ne vienne la juger, l’entraver, la diminuer.
« Je ne me sens pas du tout victime. Je suis une femme libérée, qui s’assume sexuellement, qui aime ce qu’elle fait, qui aime produire du contenu. J’ai toujours eu une âme artistique. On revient à ce que je disais tout à l’heure, je peux enfin exprimer mon art, c’est-à-dire produire du contenu, créer des choses. C’est ce que j’aime énormément. »
-
Actricesil y a 3 ans
Les plus gros seins du X
-
Actricesil y a 3 jours
Isabella Nice de A à Z
-
Acteursil y a 5 ans
Les plus grandes légendes du porno black
-
Actricesil y a 5 ans
Les 20 Reines de l’anal
-
Actricesil y a 2 jours
Eden Ivy : « Mon gag reflex a depuis longtemps disparu »
-
Actricesil y a 1 semaine
Elly Clutch. Money Time
-
Actricesil y a 2 semaines
Gianna Dior. On adore
-
Actu/Newsil y a 2 ans
L’orgasme prostatique : mode d’emploi