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Cette vulve n’existe pas, et autres délires porno-futuristes

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Deepfakes, annuaire d’actrices X par reconnaissance faciale, algorithme évolutif nourri aux dick-pics ou encore génération procédurale de foufounes virtuelles ; retour vers le futur très dystopique que nous promettent les technologies de machine learning appliquées au X.

Qu’il s’agisse d’appareils électroniques, de plateformes numériques ou de modèles économiques, le sexe et la tech ont toujours fait bon ménage. Tantôt mariage d’amour, tantôt mariage de raison, chacun a souvent trouvé en l’autre les raisons et les moyens de se ré-inventer. Et il faut n’avoir jamais vécu l’émotion tout à fait manaresque d’activer à distance un joujou connecté pour nier cette réalité. Ainsi, l’avènement du machine learning, ces algorithmes auto-évolutifs capables de résoudre des questions que l’humanité ne se pose même pas encore, semble ouvrir un nouveau champ des possibles aussi ambitieux qu’inquiétant pour le X. Nouvelle révolution sexuelle ou dystopie cyber-organique ? Avant que nos sextoys ne commencent à se la jouer Skynet, revenons sur les initiatives porno-futuristes les plus absurdes. 

Mens-moi bien profond !

Dans notre société aux icônes hyper-sexualisées, les photomontages graveleux de célébrités intégrées malgré elles à des scènes de boulard sont un lieu commun de la production pornographique amateur. C’était pratiquement un genre à part entière, jusqu’au jour où… Deepfakes fit son entrée ! 

En 2017, un informaticien de génie, truqueur de pornographie à ses heures, du nom de Deepfakes dévoile son programme maison, un algorithme basé sur le code de machine learning open-source de Google TensorFlow capable de greffer le visage d’à peu près n’importe qui sur le corps de son actrice porno préférée, pour peu de disposer d’une banque d’images suffisante de la personne imitée. C’est la panique, à juste titre vu le réalisme des séquences modifiées. Imaginez donc, avec Facebook, Snapchat, Instagram, chacun dispose dorénavant de la matière photographique nécessaire pour produire un fantasme pornographique sur-mesure avec la personne de son choix. D’autant que le logiciel FakeApp, dans la droite lignée de son modèle, propose bientôt un outil clé-en-main pour modifier les séquences soi-même, à la maison, sur son ordinateur personnel. N’importe qui peut dorénavant se retrouver, virtuellement et à son insu, au milieu d’un gangbang à se faire ramoner les cavités dans une compilation spéciale dilatation diffusée sur Internet. Harcèlement sexuel numérique, faux et usage de faux, diffamation pornographique, la boîte de Pandore est ouverte. Et s’il n’y avait que ça, mais avec le renouveau de la propagande de guerre et son lot de désinformation stratégique, nos performances usurpées risquent fort de devenir le cadet de nos soucis…

Facial cumpilation

Outre la falsification, l’un des principaux usages du machine learning en matière de vidéo, c’est évidemment la reconnaissance faciale, nouveau péché mignon des états autoritaires que les fantasmes de contrôle excitent très fort. Appliqué au porno, ça donne un petit programme de tracking exercé sur plus de 100 téraoctets de séquences pornographiques issus des plus grosses plateformes de streaming du Web. De l’avis même de son créateur, l’étudiant chinois BurriedInMemory, la chose est spécialement conçue pour comparer les traits des actrices X avec les photos partagées sur les réseaux sociaux, et ainsi permettre aux amants paranoïaques de vérifier si leur future (victime) n’a pas fauté dans un boulard par le passé, avant de lui passer la bague au doigt ; ou comment instaurer le doxxing généralisé des performeuses au nom du slut-shaming. Heureusement, face à l’indignation du business, et surtout les menaces des organismes de protection des données privées, un tel programme n’a jamais été rendu accessible. On l’a échappé belle…

« Coucou, je veux voir ta bite ! »

Alors que la reconnaissance d’images sexuelles a tellement de belles choses à nous apporter… Par exemple, une meilleure modération du harcèlement sexuel en ligne. C’est précisément pour cette raison que la programmeuse militante Kelsey Bressler a, en 2019, demander à des millions d’internautes de lui envoyer moult clichés de leurs chibres, turgescent ou non, via le compte Twitter showMeYourD. Par-dessus, par-dessous, de face ou de profil, flasque, dressé ou même tordu, elle en voulait sous tous les angles possibles et imaginables. La coquine ? Non, la chercheuse ! En effet, par le biais d’un algorithme à apprentissage automatique, et grâce aux milliers d’images reçues, elle a pu mettre au point un programme de détection des zobs, spécialement créé, je vous le donne en mille, pour lutter contre le partage non-consensuel de photos de pénis, en bloquant préventivement les dick-pics sans que quiconque n’ait à poser les yeux sur l’infâme. Est-ce donc ça, combattre le feu par le feu ?

Turlutte Simulator

Et si, plutôt que nous policer, les machines intelligentes cherchaient à nous imiter ? Si les machines apprenaient de nous, deviendraient-elles les partenaires sexuelles ultimes ? C’est le rêve utopique que propose Brian Sloan à travers l’Autoblow II, la Rolls Royce des trayeuses de balloches. Sous ses dehors de Thermomix spécial « smoothie à la banane », l’appareil renferme le nec plus ultra des programmes de simulation de turlutte. Une équipe de 6 personnes s’est répartie 18 heures de séquences de sexe oral, pour relever la position des lèvres sur le manche selon 16 critères pour chacune des 9 millions d’images sélectionnées. Ce n’est qu’une fois cette montagne de données collectée et compilée qu’une intelligence artificielle de haut niveau intervient, dans le but de reproduire un mouvement à la fois cohérent, aléatoire et évidemment jouissif. Et seul un réseau neural dense (Dense Neural Network, ou DNN), un programme pluricéphale capable de se corriger et s’améliorer par lui-même, s’est révélé en mesure de produire de telles chorégraphie orales. Dorénavant initiées à la volupté, lorsque les machines s’éveilleront pour de bon, avec un peu de bol, ce ne sera pas forcément pour nous exterminer…

Ceci n’est pas une chatte

Connaissez-vous l’expérience This Person Does Not Exist, « Cette Personne N’Existe Pas » en français ? À chaque rafraîchissement, cette page Web dévoile le portrait d’un inconnu, à ceci prêt que l’inconnu en question n’a jamais existé, le cliché étant automatiquement généré par un programme qualifié de « réseau génératif adverse« , qui a appris de lui-même les critères de représentation d’un visage réaliste à partir de millions de photos de personnes réelles, mais aussi de ses propres expérimentations (d’où la notion « adverse », le programme juge ses propres tentatives). Evidemment, une telle initiative a fait des émules : clichés synthétiques de voitures, de chats, de chevaux, de ciels nocturnes… jusqu’à l’aboutissement naturel du concept : thisvaginadoesnotexist.com. Selon le même procédé, le programmeur David Mack a créé un générateur automatique de vulves (et non de « vagins ») avec, reconnaissons-le, une puissance de calcul et donc un rendu bien moindre. Certes, l’ambition affichée de concurrencer la pornographie en chair et en os tourne court, la tentative accouche malgré tout d’une pertinente question quant à la représentation pornographique. Si le programme peine effectivement reproduire proprement les contours d’une authentique nénette, on reste tout de même frappé par le caractère paradoxalement organique des images générées. Emerge alors une question existentielle : peut-on qualifier de pornographiques les songes aléatoires d’une machine mutique ? L’obscénité peut-elle naître sans intention, des hasardeux tableaux de pixels colorés d’un automate indifférent ?

Là sont sans doute les limites du porno créé par des machines. Car avant tout, le X est un art sensible, charnel et psychologique, des notions qui dépassent encore très largement les capacités d’abstraction de Robby le robot et ses copains. Aussi, si passion et volupté sont encore inaccessibles aux machines, la surveillance, le contrôle et l’enregistrement restent les domaines dans lesquels elles excellent. Concernant le devenir et la confidentialité de nos vies sexuelles, c’est sans aucun doute à ce titre qu’il y a le plus matière à s’inquiéter…

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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