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Doit-on craindre la variole du singe ?

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Alors que le directeur de l’OMS a décrété l’urgence sanitaire internationale concernant la désormais fameuse variole du singe, un petit point sur la situation s’impose.

Pour un été sous le signe de la sensualité, c’est râpé, puisqu’à peine le covid jugulé (et encore, on constate un retour à la hausse des contaminations), voilà qu’une nouvelle épidémie pointe le bout de son nez : la variole du singe, ou monkeypox pour les amateurs d’anglicisme. Zoonose bien connue en Afrique centrale et de l’Ouest, elle est transmise en milieu forestier par les primates, d’où son nom, mais surtout par les rongeurs. Hélas, recul permanent des habitats naturels et proximité grandissante avec l’homme obligent, les cas ont tendance à se multiplier ces dernières années. Et, miracle du transport aérien, tout le monde peut en profiter. C’est ainsi que le virus a débarqué en France en mai dernier, à la faveur de transmissions interhumaines. Et si La Voix du X s’intéresse si vivement au sujet, c’est qu’au vu des modes de transmission, la maladie pourrait bien contrarier le programme estival torride de chacun. Petit bilan de ce qu’il y a à savoir sur cette nouvelle saleté. 

Déjà, la maladie n’est pas mortelle. Elle s’avère même plutôt bénigne la plupart du temps. Toutefois les personnes immunodéprimées, femmes enceintes, jeunes enfants et séniors ne sont pas à l’abri de développer une forme grave. Qui plus est, ce n’est pas parce que la maladie ne représente pas un danger critique qu’il ne faut pas s’en protéger, a fortiori quand on connaît les symptômes. Parce que la monkeypox, c’est pas très jojo. 

La Guerre des Boutons

Tout commence généralement avec un état grippal assez classique : fatigue intense, douleurs à la nuque et forte fièvre. Puis, on bifurque vers quelque chose de beaucoup plus exotique, comme des sensations de picotement, voire de brûlure, au niveau de la peau et parfois des troubles de la vision. Et ça, c’est juste la phase d’incubation. Ensuite, les ganglions lymphatiques enflent, les nausées et les maux de tête apparaissent, accompagnés de douleurs musculaires. Enfin, la déco arrive, car qui dit variole, dit évidemment pustules. 

Contrairement à la varicelle, avec qui elle partage non seulement son étymologie, mais aussi un certain nombre de symptômes, la poussée de boutons se fait en une seule fois. Aussi, elle se concentre sur les extrémités, mains et pieds, les muqueuses et les orifices, qu’il s’agisse de la bouche, de l’anus ou des organes génitaux. Il n’y a, à ce stade-là, pas grand chose à faire, si ce n’est prendre son mal en patience, pendant 1 à 3 semaines, le temps que les bourgeons éclosent. Ces derniers passent ainsi par toutes les phases : rougeur, papule, vésicule, pustule et croûte, avant de disparaître, normalement sans laisser de traces durables. Il faudra toutefois se prémunir de toute surinfection de ces lésions dermatologiques, surtout chez les malades immuno-déprimées qui eux encourent de plus graves séquelles. Une hygiène rigoureuse est alors indispensable. 

MST or not MST ?

Vient alors l’épineuse question : peut-on choper la variole au détour d’une partie de galipettes avec un(e) inconnu(e) entrepris(e) lors d’une très chaude soirée d’été ? La réponse est malheureusement oui, d’où le papier que vous lisez présentement. Certes, le statut d’infection sexuellement transmissible de la monkeypox fait débat auprès des spécialistes, en ce qu’il n’est pas encore avéré que le virus puisse être transmis par le biais de fluides biologiques comme le sperme ou les sécrétions vaginales. Néanmoins, les contacts très rapprochés et les frictions intimes sont tout indiqués pour cultiver son propre crépi pubien à partir de la souche d’autrui. C’est en outre le contact avec les zones purulentes (papules, pustules ou croûtes) et leurs sécrétions qui constitue la principale source de transmission. Et donc, si les rapports sexuels font effectivement office de passerelle d’un hôte à l’autre pour le virus, les interactions avec le linge, les ustensiles de toilette ou la vaisselle d’une personne infectée sont des moyens assez sûrs de partager aussi sa collec’ de boutons. 

Du coup, en cas d’infection déclarée, le mieux est encore de se tenir à distance raisonnable de ceux qu’on aime (et de ceux qu’on n’aime pas aussi, d’ailleurs), le temps que tous les symptômes disparaissent. Les autorités s’accordent à dire que le risque de contagion devient infime sinon nul dès lors que les stigmates de la maladie s’estompent. Un isolement total est ainsi préconisé, jusqu’à la chute de la dernière croûte, y compris vis-à-vis de ses animaux de compagnie, avec qui une transmission est possible. 

Prévenir ET guérir

Avec plus de 2600 cas recensés en France depuis le début de l’épidémie, le risque statistique a beau sembler assez faible, il convient de rester prudent notamment concernant les lieux où la proximité corporelle est de mise (boîtes de nuit, saunas, backrooms…). La mobilité saisonnière qu’impliquent les vacances d’été est, en effet, particulièrement propice à la dispersion du virus. 

Si l’on est cas contact, une vaccination post-exposition est possible dans les 4 à 14 jours après le contact litigieux. Et avant de raviver un débat aussi vain qu’épuisant, il est bon de rappeler le vaccin qu’il s’agit ni plus ni moins que du vaccin anti-variolique classique de troisième génération, développé depuis des années et efficace à 85% contre le variant « simien ». De plus, la Haute Autorité de Santé préconise une vaccination préventive de certaines catégories de population, statistiquement plus touchées, à savoir :

  • Les hommes multipartenaires ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples ;
  • Les personnes en situation de prostitution ;
  • Les professionnels des lieux de consommation sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux

La récente pandémie vient nous rappeler que la prévalence d’un virus ne relève ni de justice, ni de morale, mais du hasard des interactions sociales. Il n’y a en conséquence aucune honte à contracter la maladie. Ce n’est pas sale. Surveiller sa santé, faire état de sa situation à ses proches et se soigner tient non seulement du bon sens mais aussi de l’altruisme. Surtout, la prévention et les précautions sont encore les meilleurs moyens de préserver sa santé et celle d’autrui. Restez vigilants. 

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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