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Porno incognito : comment cacher proprement son historique cochon

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Oui, le porno est entré dans les mœurs. Pour autant, tout le monde n’a pas nécessairement franchi le cap d’étaler l’exotique profondeur de ses fantasmes sexuels sur la place publique. Et ce traître d’ordinateur est toujours à deux ou trois caractères de dévoiler l’objet de la dernière escapade crapuleuse dans la barre de recherche, à un pop-up de briser un mariage. Faire disparaître son historique de navigation Internet s’est donc imposé comme une norme universelle, une mesure d’hygiène élémentaire pour préserver sa vie de famille paisible et triviale des affres de la triple pénétration et de l’émétophilie (on ne juge pas). La dextérité numérique du quidam moyen s’étant pas mal accrue ces dernières années, effacer les traces de ses moments d’égarement est devenu plus technique. Heureusement, La Voix du X est là pour mettre le meilleur du contre-espionnage informatique au service de la branlette.

La branlette de Proust

Les lycéen(ne)s que nous étions ont très vite pris le coup de main d’effacer l’historique, à une époque où l’ordinateur était familial et la pougnette, une opération commando. Mouchoirs en main, casque sur une seule oreille, onglets de secours en cas d’intrusion inopinée dans le périmètre critique, chaque forfait se concluait inévitablement par un petit « Ctrl + H » rituel (« Pomme + Y » pour les Macintoshiens) pour faire disparaître les preuves. Alors, chacun sa méthode : le bulldozer, simple et efficace, qui avait le mauvais goût de laisser de suspicieuses plages vides au milieu d’une activité virtuelle florissante, ou la frappe chirurgicale, longue et fastidieuse, où l’on supprimait une à une les adresses inavouables du compte-rendu de la honte. Bien sûr, une stratégie aussi rudimentaire trouve ses limites à un moment ou un autre ; généralement au détour d’une auto-complétion hasardeuse, Chrome et ses copains ayant le mauvais goût de vous aiguiller naturellement vers les crémeries les plus souvent visitées.

Partie de cache-cache

C’est que ce vilain navigateur web, balance parmi les balances, conserve bien plus que l’itinéraire emprunté. Identifiants et mots de passe, liste des téléchargements, images et fichiers consultés, sans compter les obscurs cookies, ces micro-fichiers que les sites déposent sur le terminal de l’internaute en vue d’une prochaine connexion ; Big Browser tient la b(o)îte de Pandore, et il la montrera au premier venu. Ni la menace, ni la violence ne feront taire ce sale cafteur. Il faut lobotomiser la bête, ni plus ni moins. On appelle ça « vider le cache » (Ctrl + Maj + Suppr) : on annihile l’ensemble des données de navigation compilées à l’heure du crime. Mieux ; bien conscient de leur responsabilité équivoque dans un certain nombre de divorces, la plupart des navigateurs proposent aujourd’hui une option de « navigation privée » lors de laquelle, promis-juré, ils ne gardent aucun élément à charge. Merci les gars !

Bande, James Bande…

Enfin la paix des ménages ! Avec ces précautions, c’est sûr ; ni Madame, ni Monsieur, ni le petit Timéo ne découvriront de sitôt votre fascination pour le gros orteil et ses nombreux usages. Mais que pensent les RG, la NSA, les espions russes et les Illuminati de votre podophilie dévorante, hein ? Vous y avez pensé, à eux ? Rassurez-vous, eux pensent à vous. Nombre de groupes plus ou moins occultes sont très curieux de vous connaître. Mais plutôt que de vous inviter au resto pour discuter pédicure, ces grands timides préfèrent vous stalker dans l’ombre, comme de vrais gentlemen. Leurs intérêts quant à vos polissonneries virtuelles peuvent être divers : les publicitaires tenteront de vous vendre des sextoys sur-mesure, les espions menaceront de rendre publics vos fétichismes, les états s’assureront simplement de « la décence de vos mœurs ». Et ils n’ont que faire de la propreté artificielle de votre ordinateur. Lorsque vous commencez à nettoyer, il est déjà trop tard. Infiltrés sur votre réseau ou chez votre fournisseur d’accès, la collecte d’information se fait en amont. Parfois, c’est nous-même qui donnons notre consentement plein et entier à être traqués, en validant sans les lire les conditions d’utilisation d’un site ou d’une appli. Alors comment lutter ?

Porno incognito

Le remède s’appelle VPN (Virtual Private Network, « Réseau Privé Virtuel » en français). Il s’agit d’un service dont la raison d’être est justement de protéger l’internaute de l’espionnage de son activité en ligne. En gros, c’est un prestataire de navigation qui raccorde l’ordinateur où il est installé à un serveur basé dans un pays étranger (à la discrétion de l’usager), qui lui se charge d’interagir avec les sites recherchés au besoin d’une connexion cryptée indéchiffrable. Ainsi, ni Jeff Bezos, ni Vladimir Poutine, ni les Reptiliens ne peuvent faire le lien entre les Kleenex poisseux collés sous le bureau et cette ésotérique séquence de stimulation électro-génitale. Evidemment, un tel service a un coût, généralement entre 3 et 15 euros par mois, selon la formule choisie ; le prix de la discrétion, en somme. À noter que certains de ces services, les moutons noirs, se permettent eux-mêmes d’enregistrer les données de navigation de leurs utilisateurs pour les revendre au plus offrant. À éviter donc, rien ne sert de déshabiller Pierre pour habiller Paul…

Navigation privée et VPN fiable se révèlent être la combinaison de contre-mesures ultime pour préserver son intimité numérique des fouineurs de tous poils. Car sous ses dehors futiles, le camouflage de ses inclinations pornographiques peut devenir un enjeu critique dans un certain nombre de situations très concrètes. Dans un pays où la consommation de X peut conduire droit derrière les barreaux, dans un cercle familial où l’expression d’une préférence sexuelle alternative met en péril l’intégrité physique ou morale, l’on devrait tous avoir le droit inaliénable de se palucher l’esprit libre. A fortiori, le secret de son activité sur le web est crucial pour tout un tas d’activités, dans un monde où la surveillance de masse est devenue la norme : journalisme, contestation politique, développement entrepreneurial… Alors quitte à surfer, surfez couvert !

PS : et n’oubliez pas de jeter le Sopalin usagé…

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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