Manif à vélo et à poil

Chaque année, des milliers de manifestants défilent nus et à vélo dans le monde entier : c’est le « World Naked Bike Ride » (WNBR). Le rendez-vous n’est pas encore aussi populaire et prestigieux que notre Tour de France avec ses 2 milliards de téléspectateurs dans le monde, mais le WNBR ou manifestation cyclo-nudiste gagne peu à peu ses lettres de noblesse ! Cet événement, dont la première édition s’est déroulée en 2001 dans 28 villes et 17 pays, prend désormais de l’ampleur et touche maintenant 74 villes majeures et 17 pays.

L’objectif de ces écolos à deux roues est tout simple : rouler tout nu à vélo pour dénoncer et attirer l’attention du monde sur notre dépendance énergétique au pétrole et ses dérivés et pointer du doigt les effets pervers de cette industrie, notamment en matière de pollution. L’autre but plus subjectif est de célébrer la puissance des corps en termes d’impact médiatique. Londres, Chicago, Toronto, San Francisco, Saragosse, Melbourne, Le Cap… sont donc à la tête de cette fête annuelle qui se déroule en juin. Et si ce rendez-vous n’est pas vraiment du goût des automobilistes ou des puritains, il compte de plus en plus de soutiens politiques ou associatifs. À l’heure où le réchauffement climatique et les problèmes liés à la pollution atmosphérique conduisent à une prise de conscience croissante, il faut bien chercher à s’exprimer différemment pour marquer les esprits et diffuser le message plus largement. Nous avons donc enfourché notre bicyclette pour interviewer Jérôme qui organise le World naked bike ride en Espagne.

« On a choisi la nudité pour montrer que ce n’est pas une chose choquante. »

Mais pourquoi vous mettre tout nu ?

On a choisi la nudité pour montrer que ce n’est pas une chose choquante : nous voulons avant tout provoquer une réflexion. Cette nudité, c’est aussi une manière d’interpeller sur le sens de notre société où on estime qu’il est normal de venir en voiture en centre-ville et de polluer, alors qu’il existe des alternatives de transports en commun. On compte pourtant plus de 40 000 morts chaque année à cause de la mauvaise qualité de l’air !

Comment expliquer que c’est interdit en France ?

Il y a une question de culture, mais je crois aussi que, dans votre pays, les gens sont mal à l’aise avec leur corps. Il y a eu trois tentatives : deux à Paris (un temps autorisé par la préfecture de Paris, elles ont finalement été interdites) et une à Marseille, qui se sont soldées par un échec. Mais deux projets sont en cours à Lyon et à Lille.

Et pour ceux qui ne veulent pas être tout nu ?

Ils peuvent participer malgré tout, bien entendu. L’idée, c’est avant tout d’être « visuel » et festif : on veut que les participants s’amusent, donc si certains ne veulent pas se déshabiller, ils peuvent venir déguisé, par exemple, et ainsi renforcer la puissance de l’image que nous voulons véhiculer.

Comment évolue le concept et comment peut-il se développer ?

Aujourd’hui, on voit se joindre à nous des nudistes à rollers, skateboards ou mono-roue : on intègre donc toutes les formes de véhicules non polluants. On voit aussi de plus en plus de nudistes qui adoptent le body-painting pour donner plus de couleurs et donc de force à nos images. Nous passons aussi systématiquement à côté des monuments célèbres des villes dans lesquelles nous manifestons pour renforcer notre communication et la portée de notre message. Enfin, il y a un soutien de plus en plus large et populaire dans les différentes populations qui assistent à nos défilés. Nous serons plus forts demain et c’est grâce au fait que nous manifestons à poil et dans la bonne humeur !

+ D’INFOS :

www.worldnakedbikeride.org