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PorNo Future – Pourquoi 2021 sera l’année de la pipe

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Dans un monde qui s’assombrit de jour en jour, tiraillé entre péril pandémique, risque climatique et délabrement démocratique, La Voix du X a invité l’époustouflante Ioni Maskara, voyante tantrique de son état, pour égayer notre avenir incertain de quelques prédictions aussi lumineuses qu’infaillibles.

Les effluves d’encens embaument la pièce, tandis que le tintement discret d’un carillon répond au bourdonnement sourd des pierres divinatoires entrées en résonance. Soudain, mes boules de cristal s’affolent. Emplies de volutes blanchâtres, leur sérénité lithique se trouble lorsque mes mains expertes effleurent leur surface. Dans un tourbillon d’albâtre, le futur s’effeuille comme pour s’exhiber à mes yeux écarquillés. Il a un manche raide et sombre, dans le prolongement d’un cul bombé, surplombé d’une gueule brûlante, sans lèvres ni dents. N’en déplaise aux surréalistes, ceci est bien une pipe !

Les auspices sont formels. Après un hiver 2020 rigoureux, placé sous le signe du Gémeaux et de la distance relationnelle, et un printemps bâillonné par les derniers soubresauts d’une peste mondiale en déclin, l’été sera synonyme d’embellie, Jupiter entrant dans la maison de Vénus pour faire sa fête à cette petite catin. Rassurés par la perspective imminente d’un remède infaillible, universel et bon marché, nous nous remettrons petit à petit à transgresser l’espace qui nous a si longtemps séparés des accolades, des caresses, des câlins. Enjamber la barrière pour retrouver le geste.

Bientôt le Summer of Love

Surtout, par les faveurs de Mercure, le Grand Révélateur, les masques tomberont. Alors, nous reverrons des bouches. Des bouches souriantes, prêtes à croquer la vie, des bouches mutines aux langues agiles, des bouches insolentes, entre rictus hautains et moues boudeuses, des bouches rieuses, aux dents nacrées… Des bouches, des bouches, des bouches ! Enfin, nous pourrons nous adresser des sourires complices, gorgés de grenat, nous susurrer des mots doux du bout des lèvres, nous cracher au visage des insultes mordantes.

Puis viendra le boum de la cosmétique, qui redoublera de créativité pour peindre et orner ces merveilles pulpeuses de mille façons. Retour en grâce du gloss irisé, invention du liptstick prismatique ; il naîtra même un engouement pour le lip tagger, une gamme pour homme, virile et musquée, qui nous conduira malheureusement à l’extermination des dernières baleines pour répondre à l’urgente demande masculine. Déso, Willy !

Les yeux pleins de larmes et les lèvres pleines de pigments, nous nous consolerons en écoutant le dernier album des Stones, enjoints par la ferveur populaire à retourner en studio, puis en tournée mondiale. Le Open-Mouthed Tour culminera au Stade de France, lorsque Mick Jagger entonnera Gimme Shelter en featuring avec une Miley Cyrus twerkant, langue pendue, à trente mètres au-dessus de la foule. Bilan prémonitoire : 12 arrêts cardiaques, 12 354 culottes inondées, 18 530 érections brutales.

Car oui, plus qu’elle ne l’a jamais été dans l’histoire de l’humanité, la bouche deviendra un objet de fantasme, de vénération. Très tôt dans l’année, déjà, le porno aura débuté sa transition. Perclus par un risque de contamination accru, un confinement à rallonge et une tendance consommée à l’auto-production en solo/duo, il reviendra aux fondamentaux : des effectifs minimaux, du POV, et de la pipe, de la pipe et encore de la pipe ! Après des années de règne sans partage sur le fantasme collectif, l’anal tombera finalement en désuétude, n’étant plus perpétré que par une poignée de spécialistes de la dilatation, tandis que les arts de la fellation domineront le marché. Turluttes expertes, ahegao sidérés, sucettes baveuses et gorges profondes, nous ne saurons plus où donner de la bouche. Le blowbang trouvera son pendant dans le rainblowjob : un seul chibre, pour une dizaine de bouches multicolores s’appliquant à apposer chacune leur teinte, en dégradé, sur ce dernier.

Qui veut du rose ?

Les reines de la discipline reviendront sur le devant de la scène. Heather Harmon, aka Heather Brooke l’impératrice du deepthroat sans ciller, fera un comeback retentissant pour imposer le nouvel étalon de la performance orale, tandis que July November, la bouche la plus affolante du porno francophone, verra naître un culte ésotérique autour de ses lèvres aussi divines que mystérieuses.

Les mâles ne seront pas en reste. Le #cuni explosera tous les records de progression sur les tubes. Ambiance Magnum ; moustaches et mâchoires carrées viendront croquer à pleines dents les fantasmes des millions d’amatrices et d’amateurs de virilité brut, trop longtemps trompés par le camouflage des mentons fuyants et des faciès imberbes. Puis viendra la décroissance, côté caleçon, avec l’avénement de la « DOP », ou double oral penetration. Spectacle oblige, pour en mettre plus, il faudra nécessairement voir moins grand, la cavité buccale ayant de moindres propriétés élastiques que les orifices concurrents.

Charles Dera, L’Homme de l’Année 2021

Les boules de cristal sont à présent limpides. 2021 sera l’année de la pipe ou ne sera pas. Les augures seront donc particulièrement favorables aux Suzanne, aux Capricornes et aux actionnaires de Labello. Tenez-vous-le pour dit.

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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