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Rencontre avec Elisa, créatrice de Bad Star, la lingerie artisanale à la française

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Elle s’appelle Elisa, elle a des doigts de fée et, depuis 2015, elle confectionne la lingerie Bad Star, une production artisanale française qui, par son faste décomplexé et sa qualité textile, renvoie les couturiers traditionnels du secteur au rang de grossistes de la petite culotte. Basée dans le sud de notre beau pays et épaulée par une toute petite équipe, elle « libère la féminité » au moyen d’ensembles cousus main, réalisés à l’unité, à mi-chemin entre l’œuvre d’art et l’écrin sensuel. Rencontre avec la créatrice indépendante qui illuminera bientôt vos nuits…

« J’ai toujours « traficoté » ma lingerie : ajouter un nœud, de la dentelle, couper une bretelle, broder par-dessus… Une éternelle insatisfaite. J’ai fini par arrêter d’acheter, pour fabriquer mes propres dessous. De fil en aiguille, j’ai confectionné pour mes amies, puis les amies de mes amies. La demande était bien là, mais à force, je n’avais plus le temps. Alors j’ai décidé de prendre une année sabbatique afin de créer Bad Star. »

En 2015, alors qu’elle se destine à une carrière de vendeuse dans le secteur médical, Elisa change du tout au tout, pour suivre sa bonne ou plutôt sa « mauvaise étoile », et fonder l’atelier. Autodidacte ? Pas tout à fait. C’est sa grand-mère, couturière de métier, qui lui a inculqué les rudiments de la discipline. Pour le reste (design, logistique, gestion), elle s’est débrouillée toute seule pendant trois longues années, avant de finalement s’entourer d’une petite équipe, « 2 à 3 personnes », débordée qu’elle était par son succès. Il faut dire que sa petite entreprise a débuté sur les chapeaux de roues, notamment grâce à une collaboration avec Alyssa White-Gluz. Conquise par son style, la chanteuse du groupe Arch Enemy portera les harnais et autres accessoires d’Elisa tout au long de sa tournée.

« Concernant la collab’ avec Alyssa, c’est la magie des réseaux sociaux. Elle est assez active sur Instagram et moi aussi. Nous défendons les mêmes valeurs, comme le droit des animaux. Nous avons parlé assez rapidement en privé, c’est une très belle personne que j’affectionne énormément. J’aime ce qu’elle dégage, ce qu’elle représente. Il était évident de collaborer avec elle ! »

Outre l’intérêt d’épingler un nom célèbre à son catalogue, la créatrice trouvait surtout en Alyssa, icône brute, sophistiquée et féminine dans un monde de mâles, l’ambassadrice idéale de Bad Star. Et si sa lingerie traitait elle aussi d’empowerment ?

« C’est la vision d’une femme libre et accomplie qui m’inspire le plus. Savoir être ludique, séduisante, chic est quelque chose que chaque femme mérite de ressentir, quelle que soit sa taille, sa forme, son identité. Mes créations portent sur la provocation de cette féminité. Ce n’est pas « juste » de la lingerie, du BDSM ou de la sexualité. Donc, oui, on peut parler d’empowerment. Entendre de la part d’une cliente « Je ne me suis jamais sentie plus en contact de ma féminité » est le meilleur remerciement que je puisse recevoir. »

Aurions-nous donc une métalleuse dans le petite monde feutré de la dentelle ? Certes, mais pas que.

Crédits :  » In Black « . Modèle : Riae (et Zelda).

« J’écoute de la musique de tous horizons mais je suis une métalleuse dans l’âme ! Il y a peu de temps, on m’a fait découvrir l’album Wastes of Life du groupe Dodsferd. Je l’écoute en boucle dans l’atelier ! Mon morceau préféré est To the Fall of Man. »

Le style d’Elisa ne se limite toutefois pas aux harnais cloutés et aux pentagrammes païens. À l’instar d’Iris Van Herpen, sa couturière favorite, elle puise ses influences dans une diversité artistique sciemment cultivée. Mêlant habilement références yogi, mythe grec et inspirations fétichistes, le tout édulcoré d’un flower power éclatant, sa collection manifeste un syncrétisme érotique aussi divers que rafraîchissant.

La collection Sensory Seas d’Iris Van Herpen

« Mon processus créatif est très bohème. L’art me touche sous toutes ses formes ; les couleurs, les formes, comme un processus émotionnel qui vient toucher mon coeur. Après un coup de foudre artistique, je couche cette émotion sur papier. J’en crée une esquisse. Après vient l’étape technique, avec les matières réelles. »

La matière en question, elle est européenne et a fortiori française, autant que faire se peut. C’est l’un des engagements d’Elisa, qui condamne sans détour la lingerie au rabais distribuée de par le monde par les géants de la vente en ligne comme AliExpress, incarnation selon elle du mauvais goût subvestimentaire. Militante écologiste de longue date, sa politique à elle, c’est le « zéro déchet » : chaque modèle est fabriqué à l’unité, à la main et sur commande, pour limiter au maximum l’empreinte carbone de son humble production. Un mal pour un bien, puisque c’est à ce prix que Bad Star peut se permettre de proposer ses créations du XXS au 4XL. Qui a dit que belle lingerie rimait avec body-shaming ?

Crédits : Winterwolfstudios. Modèle : Winterkelly.

« Il ne faut pas croire les magazines. La vie n’est pas du papier glacé photoshopé. Nous vendons jusqu’au 4XL. Et généralement, les tailles du 2XL au 4XL partent beaucoup plus vite que les XXS, XS ou même S. » Et la styliste de nier un quelconque rapport entre plastique et sous-vêtements. « Un seul conseil : OSE ! Peu importe ta taille, ta morphologie ; vas-y, ose ! »

L’audace, c’est le propre de la lingerie Bad Star, son leitmotiv. Et à voir la richesse des modèles Vinyasa, Amethyst ou encore Moon Spell (le préféré de la créatrice, pour son charme « solaire »), jouer la carte de la discrétion est de toutes façons exclu. La tenue idéale pour mettre de telles pièces en valeur : « Un profond décolleté noir en V laissant entr’apercevoir la lingerie comme un bijou. » C’est ce qui s’appelle annoncer la couleur. Et pour un premier rendez-vous ? Une soirée mondaine ? Une journée lambda ? Que nous conseille de porter l’experte des dessous ?

De gauche à droite : les bodysuits Vinyasa, Amethyst et Moon Spell.

« Au premier date, allez-y franchement. Faites peur ! Lâchez-vous : cuissardes, fouet… Haha ! Non, je rigole. Optez pour du noir. À mon goût, il y a rien de plus élégant. Et ne camouflez surtout pas vos formes ! Au contraire, il faut bien les mettre en avant, avec un petit harnais comme le modèle Element, par exemple. Au quotidien, travaillant la plupart du temps derrière mes machines, je préfère le confort d’une brassière à la coupe ‘sport’. Mais attention, la matière doit être sexy (dentelle, etc.). Lors d’une soirée chic, le secret, c’est la subtilité. Le porte-jarretelle est donc de rigueur. »

Mais qu’en est-il des mâles qui rêvent de voir madame se parer de tels atours ? Y a-t-il une valeur sûre pour faire plaisir à sa dulcinée ?

« Un simple nœud papillon au bout de la… Ahah ! Oui, il y a beaucoup de commandes passées par des hommes afin de faire un cadeau. Généralement, ces messieurs sont toujours perdus dans le choix des tailles (le site dispose heureusement d’un tableau de mesures à l’usage de ceux qui n’auraient pas le compas dans l’œil, ndlr). Si j’avais un conseil à donner à un homme, avant d’acheter de la lingerie ce serait ça : imaginer un fantasme avant. »

Force est d’admettre qu’en matière de fantasme, il y a l’embarras du choix, chez Bad Star Lingerie : des modèles uniques à offrir par tous les temps, en toutes occasions.

Crédits : Alan Chen. Modèle : Mariselle. maquillage : Nikki Chang.

Crédits photo couverture : Titchia Laetitia. Modèle : Hview_modele

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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