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Les prostituées afghanes dans la ligne de mire des talibans

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Des intégristes religieux hyper-rétrogrades qui explorent les tréfonds de l’internet porno et épluchent des milliers des séquences hardcore à la recherche de leurs compatriotes ; la nouvelle pourrait prêter à rire, si elle n’était pas profondément dramatique. D’après le Sun, les travailleuses du sexe afghanes seraient en grand danger.

Suite à leur prise de pouvoir éclair sur le pays, les talibans entament la purge de tous ceux dont le mode de vie n’entre pas dans la conception étriquée qu’ils se font de la piété. À ce titre, le sort réservé aux travailleuses du sexe est des plus effroyables. Puisant dans les profondeurs des sites de niche en quête de preuves à charge, ces fanatiques de la violence établissent une « kill-list » de toutes les Afghanes qui auraient pu apparaître dans des séquences pornographiques.

Bien qu’illégale en Afghanistan, déjà du temps de l’occupation « alliée », la prostitution était pratiquée comme à peu près partout ailleurs dans le monde. Les associations de défense des droits humains faisait notamment état, en juin, de centaines de travailleuses du sexe en activité à Kaboul, la capitale. Dans l’un des pays les plus pauvres du monde, le sexe reste par comparaison, un marché relativement lucratif, ou du moins une option de survie raisonnable. Cafés, salons de beauté, ou maisons de particuliers servaient alors de couverture aux bordels clandestins, ce qui n’est pas dénué d’importance pour la suite des événements.

Lorsqu’ils étaient filmés, ces rapports tarifés atterrissaient finalement sur le Web. Et les talibans, aujourd’hui hyper-connectés, ont fini par tomber dessus et y trouver un exutoire à leur inextinguible soif de violence et de domination. D’après les relevés des services de sécurité transmis au Sun, les talibans se lancent ainsi dans « une chasse acharnée » aux prostituées. Ils épluchent donc les plus obscurs sites pornographiques du web pour y trouver des vidéos incriminantes parfois vieilles de 20 ans et des indices qui permettraient d’identifier les participantes. Les enseignes des boutiques couvrant ces activités servent alors de marqueurs géographiques et temporels pour retrouver ces dernières.

Celles qui seront prises seront publiquement « décapitées, lapidées ou pendues », si elles ne sont pas tout simplement abattues au fusil d’assaut en pleine rue, non sans avoir préalablement été « humiliées pour le plaisir de leurs tortionnaires », c’est-à-dire livrées à un viol collectif. S’il fallait encore des preuves que les talibans ne sont mus par aucun système moral, sinon l’assouvissement de leurs pulsions mortifères en toute impunité, cette affaire en est la démonstration.

Le mythe du dogme religieux ne tient pas longtemps face à l’hypocrisie manifeste d’une faction qui enlève des gamines de 12 ans pour les marier de force ou en faire des esclaves sexuels, qui se gave de porno hardcore pour trouver de nouvelles victimes expiatoires, qui torture et viole des femmes qui ont eu le malheur de se prostituer, de leur plein gré ou non. En vingt ans, les talibans n’ont pas changé, ils ont simplement modernisé leurs moyens de terreur et préparé une revanche sanglante contre toutes les formes de liberté.

Les visages féminins sont bannis de l’espace public alors que les talibans paradent en arme…

Prohibition des marchés du sexe, traque et déshumanisation des professionnels de ce secteur, légitimation des viols et meurtres à leur encontre, la « chasse aux putes » des talibans n’est rien d’autre qu’un mode d’expression du prisme abolitionniste. Que ceux qui contestent cette analyse questionnent le socle idéologique justifiant de tels actes : la lutte contre l’obscénité supposée de notre société. Le reste n’est que différence de moyens, pas de perspective. Il est donc bien beau de s’indigner des méthodes barbares des fanatiques du Moyen-Orient, encore faudrait-il arrêter de servir la soupe, à longueur de colonnes, à leurs homologues occidentaux, certes moins barbus, mais tout aussi résolus.

Le traitement des travailleuses du sexe offre toujours une perspective intéressante quant à la condition des femmes en général, et leur liberté sexuelle en particulier. Ainsi, lorsque le New York Times promeut la rhétorique réactionnaire d’Exodus Cry, on débat du droit à l’avortement au Texas. Quand les talibans procèdent à l’extermination des prostituées, on se fait une petite idée de la marge de manœuvre des Afghanes au quotidien. D’où l’urgence de leur porter secours.

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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