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[Brève #135] Allemagne – La justice confirme le bannissement de Youporn, Pornhub et MyDirtyHobby

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Le tribunal administratif de Düsseldorf ordonne le bannissement du réseau allemand de trois sites propriétés de Mindgeek, géant du porno sur Internet. Une procédure d’appel pourrait être ouverte.

Le bras de fer entre les autorités allemandes convaincues d’une nécessité de réguler l’accès au X sur Internet, et les sites pornographiques Youporn, Pornhub et MyDirtyHobby, tous trois basés à Chypre, durait depuis plusieurs mois. La cour de Düsseldorf vient finalement de donner raison aux plaignants quant à la non-coopération de la multinationale pornographique Mindgeek en ce qui concerne la vérification d’âge des visiteurs de ses sites, en dépit des arguments de la défense et des doutes de l’opinion publique. Conclusion : les trois plateformes seront bientôt bloquées et déréférencées sur le réseau Internet allemand, à moins qu’une procédure d’appel ne soit engagée. 

Enième itération d’un débat qui n’en finit pas. D’un côté, des pouvoir publics et politiques en manque crédibilité, usant de la panique morale à l’encontre de la pornographie pour asseoir leur autorité autour d’une cause fédératrice : la protection des enfants. Nous l’avons vu en Grande-Bretagne, au Canada et en France. C’est a présent au tour de l’Allemagne de mettre les pieds dans le plat, sous l’impulsion d’un certain Tobias Schmid, directeur de l’ Agence d’État pour les médias en Rhénanie du Nord-Westphalie et président de l’European Regulators Group for Audiovisual Media Services (ERGA), opportunément décrit par le quotidien berlinois Taz comme « un fétichiste des politiques de régulation« . 

De l’autre, Mindgeek, énorme consortium numérique multipliant succursales et sièges sociaux pout échapper aux législations défavorables et à l’impôt. Bouffi d’impunité quant à son exploitation sans vergogne des productions pornographiques via ses plateformes gratuites, Youporn, Pornhub et MyDirtyHobby, aujourd’hui dans le viseur de la justice teutonne, le groupe tente désespérément de sauver les meubles après les nombreux revers qu’il a subi cette année. Seulement voilà, ses arguments ne passent plus. Ni son exil administratif à Chypre, ni l’acharnement dont il ferait l’objet en tant qu’acteur de premier plan, laissant censément le champ libre aux structures clandestines pour prospérer, n’ont convaincu le tribunal. Et pour cause, depuis l’affaire révélée par le New York Times, son image médiatique ne joue plus franchement en sa faveur.

La condamnation ne change toutefois rien au débat de fond, à savoir l’exposition des jeunes au porno et la prévalence de ce mal dans notre société moderne. Le porno continue de s’épanouir sur le Web, tant sur les pages dédiées que sur les réseaux sociaux. Et l’implémentation globale de systèmes de vérification d’âge sur tous les sites de cul de la toile relève toujours de l’inapplicable, tant les contraintes techniques (Qui développera un tel outil ?), éthique (Qui peut gérer de telles données intimes ?) et économiques (quels éditeurs porno pourront se le payer ?) s’avèrent complexes. 

Notre propre pays en est un exemple criant. Après plusieurs déclarations présidentielles et gouvernementales sur le « danger porno », une tripotée de lois et de décrets et d’amendements visant à réguler la circulation de matériel pornographique sur le net, et de sincères efforts des acteurs économiques du business, absolument rien n’a abouti. Les associations mobilisées pour la cause des enfants ont été déboutées devant la justice et les saisines du CSA sont jusqu’à présent restées lettre morte. Désintérêt profond ou incompétence organisée, le « péril pornographique » n’a rien d’une priorité d’état. C’est tout au plus une diversion politique stérile construite sur l’aura sulfureuse du X-business

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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